Salut cher blog, je t'avais presque oublié.

Comment va ? La routine ? Je me suis dit que j'allais venir t'occuper un peu. Non non ce n'est pas parce que je n'ai absolument pas envie de bosser, penses-tu, c'est pas mon genre.

J'ai renoué avec une vieille amie récemment. Mais si tu la connais. Je n'ai jamais clairement dit son nom, mais elle a souvent été là pendant que mes doigts volaient sur le clavier en transcrivant mes pensées vers toi. Mais il est difficile d'admettre sa présence, de reconnaître son existence, d'accepter que finalement elle s'est incrustée dans ta vie, cette bitch de dépression. Voilà, ça y est, je l'ai dit.

Il y a de multiples symptômes pour une dépression. Certains sont facilement identifiables comme la difficulté à (sou)rire, l'apathie, l'absence d'envie de tout, etc... mais au final on se dit souvent "mais non mais non" (tudu lulu lu), "Naan t'inquiètes ça va, c'est un ptit creux de vague", "oui bon pas la frite, mais ça ira mieux assez vite", "semaine fatigante, c'est normal", "c'est le temps qui est bizarre, ça joue sur le moral", etc... T'as sûrement déjà lu ce genre de connerie de ma part.

Puis un jour, tu te prends à avoir envie de pleurer sans raison, dans une situation pas propice, juste là paf, t'as la gorge nouée et tu te rends compte que merde, c'est déjà là. Que même si tu te crois solide, combattant, positif, bah en fait là t'es juste en pleine dépression.

Cet après-midi, vois-tu, j'ai eu cette envie de pleurer, au taf, devant mon double écran de PC, les deux mains arrêtées sur le clavier, le regard passif, cherchant désespérément de la motivation pour avancer ce travail qui ne sert à rien (ma boîte entre en redressement judiciaire demain, ou en liquidation, je le sais depuis quelques semaines).
Oh la bitch est là depuis plus longtemps que ça, mais c'est cet après-midi, entre deux pensées moroses, entre deux tentatives de produire plus de 5 lignes de suite, que j'ai compris que j'étais en plein dedans.
Et pour moi, le pire, c'est que j'ai aucune idée de comment m'en sortir cette fois.

D'habitude, j'ai toujours une palanquée d'idées sur comment combattre les problèmes personnels que je rencontre. Face à la solitude, un problème physiologique, un manque, un deuil à faire... j'ai toujours des pistes, souvent par expérience, souvent par déduction, souvent par intuition, le plus souvent par détermination. Je t'ai souvent dit "je vais faire ça", ou "je dois faire ça, et ce sera bon".

Là, rien. Je suis démuni.

Je connais le lâcher prise. Une attitude indispensable dans beaucoup de situations délicates, saine et parfois/souvent salutaire.
Quand je pense au lâcher prise, je m'imagine un marin seul dans une petite embarcation, genre 2-3 places,  qui lâche la barre, et s'assied à l'arrière de son bateau, regarde ce qui se passe devant, sur les côtés, derrière, il regarde le paysage, et observe où tout ça va le mener. Il reste vigilant, pour redresser la barre si jamais le bateau fonce sur des récifs, ou risque le naufrage, mais en dehors de ça, il laisse faire.

Là, comprends que si je lâche la barre, je vais me bourrer la gueule si j'ai de quoi dans les cales, ou dormir sinon. Pas de vigilance, juste l'abandon, le renoncement.

Le pire dans tout ça, c'est que je prends conscience de ça à une période de ma vie où je vais avoir besoin de beaucoup d'énergie, de motivation, de volonté, et de positivisme pour retrouver un emploi, ou autre projet de vie professionnelle. Je refuse de devenir un loser de RMIste qui s'embourbe dans une passivité étouffante. Je connais cette situation, c'est un suicide psychologique. Mais j'ai zéro énergie, chuis low HP, Out Of Mana, j'ai plus de potions, et plus de quoi rentrer en ville.

Je sais pas comment je vais faire. D'habitude je finis toujours sur une note positive, une piste de ce qu'il y aurait à faire, ou je positive sur ce que ça va m'apporter, ou l'a déjà fait. Mais là rien. Tout s'est pété la gueule en même temps, et j'ai plus la force de combattre quoique ce soit. Une histoire réconfortante qui s'est terminée, ma vie professionnelle qui s'effondre... n'ayant ni femme ni enfant, si je n'ai ni amour ni travail, il me reste quoi d'après toi ? Ne me réponds pas "les amis". Ça fait pas vivre les amis.

Alors j'attends. J'attends que le couperet tombe. J'attends mes vacances. J'attends un miracle de ma part. J'attends un regain d'énergie soudain. J'attends un signe. J'attends une idée. J'attends un peu d'espoir.

J'attends.